16.10.09

Libérer nos compatriotes, doit être la priorité de nos priorités

par Baba Mustapha Sayed

Comme à Zemla, en 1970, et comme à Tan-Tan en 1972, en 2009, les harkis sahraouis, pour plaire au colonisateur du moment, rivalisent dans leurs dénonciations des sept défenseurs des droits de la personne sahraouie, qui, viennent d’être enlevés par les services de renseignement militaires marocains (DGED) à leur retour des campements de réfugiés sahraouis le 8 octobre 2009. Et pourtant ces courageux sahraouis n’ont fait, tout au long de ces dernières années, qu’accepter, avec stoïcisme et détermination, souvent surhumains, les pires souffrances et privations, et les intolérables humiliations pour attirer l’attention du monde sur l’inacceptable injustice qui est imposée à leur peuple, depuis plus de trois décennies, par l’occupant marocain, et tenter ainsi de susciter son intérêt pour l’intéresser à y mettre rapidement fin.
Ces braves militants des droits de l’Homme, malgré la brutalité et la dureté des moyens dont usent, régulièrement, les forces coloniales marocaines à leur encontre, n’ont jamais voulu se départir de leur position de principe, ne jamais accepter de recourir, dans leur exaltant et héroïque combat pour les droits de l’homme et de la femme sahraouis, à des moyens autres que pacifiques.
C’est là une position qui les honore, et qui est, par ailleurs, difficile à comprendre y compris par beaucoup de leurs compatriotes dans les zones occupées, qui ne l’ont pas toujours trouvée judicieuse ni juste face à un implacable ennemi qui ne comprend et qui n’a jamais compris, soulignent-ils, que le langage de la force. Et pourtant nos vaillants héros n’ont jamais voulu céder à la pression de « la rue ». Militants pacifistes, Ils ont été, militants pacifistes ils ont voulu fermement rester, jusqu’à leur récent enlèvement.
En s’en prenant à nos héros pacifistes, le makhzen montre, dorénavant, clairement, de renouer avec un passé de répression que nous avions cru révolu, d’afficher sa volonté d’imposer l’ « ancien ordre » des années de plomb aux zones occupées de la RASD, et d’y interdire toute autre expression ou opinion autre que celle professée ou défendue par ses agents sahraouis en service commandé. Il défie ainsi ouvertement la communauté internationale qui a toujours refusé catégoriquement de reconnaître au Maroc le moindre droit sur le Sahara Occidental et qui lui a constamment demandé de respecter scrupuleusement le droit des Sahraouis à l’expression libre de leurs opinions. Par son geste d’une violence extrême à l’encontre de nos compatriotes, le Royaume du Maroc, a voulu « tester » jusqu’à quel point la direction du Front Polisario pourrait continuer d’accepter ses humiliantes provocations.
Alors, soit les Sahraouis et leur direction, arrivent à faire sortir, dans les meilleurs délais, nos héros de leur cachot, sains et saufs, et dans ce cas, nous aurions mis un terme, ne serait-ce que provisoire, aux agissements intolérables du Makhzen, soit, il nous faut reconnaître que le Makhzen aurait bel et bien, par son geste d’arrestation et de condamnation de nos sept compatriotes, gagné une bataille décisive sur la voie de la marocanisation de notre pays.
Et c’est pour ces raisons qu’il faut considérer que la libération de nos sept compatriotes doit impérativement, désormais, être la priorité de nos priorités.
16.10.09
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